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Bobby Sands: Un jour dans ma vie



Bobby Sands: Un jour dans ma vie

Brochure sur Bobby Sands.


Le texte qui suit est un résumé rapide de qui fut Bobby Sands et de son rôle au sein des « blanket-men » [=hommes couvertures]. Il fut écrit en 1997 par Gerry Adams pour préfacer les écrits de B. Sands.
Nous avons choisi d'insérer nous-mêmes quelques explications à cette préface par des notes de bas de page.
Ces deux textes sont extraits du livre Un jour dans ma vie, un recueil des écrits de prison de Bobby Sands publié en 2003 aux éditions Gatuzain.
Le lecteur ou la lectrice qui n'est pas très copain / copine avec la religion (nous non plus d'ailleurs) constatera dans le texte qui suit que l'auteur fait maintes fois référence à sa foi religieuse. Cela est du au fait que la religion catholique est fortement ancrée dans la culture irlandaise (bien qu'il y ait une forte proportion de protestants - anciens colons anglais - en Irlande du Nord). Il nous semblait important de le signaler à ces lecteurs / lectrices afin qu'ils / elles ne soient pas rebuté-e-s par les pages qui suivent…
Pour plus d’informations sur l’IRA et la situation irlandaise, nous recommandons vivement la lecture de l’ouvrage d’Agnès Maillot : IRA—Les Républicains irlandais (Presses universitaires de Caen,
2e édition revue et augmentée, 2001).
S’il ne fallait en lire qu’un...


Préface de Gerry Adams (1)

Bobby Sands avait vingt-sept ans et avait accompli soixante-six jours de grève de la faim quand il mourut le 5 mai 1981 dans le bloc H de la prison de Long Kesh.
Ce jeune volontaire de l’IRA (2) avait passé les neufs dernières années de sa courte vie en prison et son nom était connu dans le monde entier au moment de sa mort. Il avait été élu au parlement britannique (3) et avait supporté des pressions aussi bien politiques que morales pour abandonner sa grève de la faim, dont son but était de contrer le gouvernement britannique et ses tentatives de briser la lutte pour la liberté irlandaise en criminalisant les prisonniers politiques irlandais. […]
Des centaines de prisonniers étaient détenus dans la prison de Long Kesh sous un régime de prisonnier politique ou de catégorie spéciale. Ce statut avait été introduit par le gouvernement britannique en juin 1972 à la suite d’une grève de la faim de prisonniers républicains dans la prison de Belfast. Suivant sa nouvelle stratégie absurde, le gouvernement londonien adopta une législation dans laquelle tous les prisonniers arrêtés et condamnés après le 1er mars 1976 tombaient dans la
catégorie de criminels. Prisonniers politiques le 28 février, criminels le 1 mars !
Ma première rencontre avec Bobby Sands se fit dans les cages de Long Kesh où nous étions détenus de catégorie spéciale en tant que prisonniers politiques. De notre cage, la cage 11, nous pouvions voir le chantier des blocs H, en construction pour recevoir les prisonniers incarcérés sous la nouvelle législation londonienne de criminalisation. […]
Mais qui était Bobby Sands ? Simplement un jeune Irlandais ordinaire qui vécut et mourut dans les conditions extraordinaires qui existent dans la partie occupée de l’Irlande. Au cours de sa brève vie, il est parvenu à défier ces conditions injustes de façon extraordinairement courageuse.

Il est né en 1954 à Rathcoole, un quartier du nord de Belfast à prédominance loyaliste (4). Il s’était toujours intéressé à l’histoire de l’Irlande et, quand le mouvement des droits civiques sortit dans la rue en 1968, la réaction du RUC (5) à cette protestation non-violente réveilla le nationalisme dans le coeur de nombreux jeunes catholiques.
Bobby quitta l’école en juin 1969 et fut employé comme apprenti carrossier pendant trois ans. Il n’était pas du tout sectaire – au contraire, il courrait pour un club protestant bien connu, les Willowfield Temperance Harriers. Mais au travail, il fut de plus en plus victime d’intimidations et en 1972 la famille Sands fut obligée de quitter son foyer sous les menaces et les attaques. Ils emménagèrent à Twinbrook, une nouvelle cité des quartiers nationalistes de l’ouest de Belfast. Bobby avait dix-huit ans et était l’aîné de ses frères et soeurs, Marcella, Bernadette et John.
Bobby rejoignit l’IRA à cette époque et, en 1973, à l’âge de dix-huit ans, il fut arrêté et inculpé dans le cadre d’un dossier d’armes. Il fut condamné à cinq ans de prison. C’est là que je l’ai connu. On m’avait pris lors d’une tentative d’évasion du camp d’internement de Long Kesh et je purgeais une peine de prison. Nous partagions la cage 11 avec beaucoup d’autres hommes, dont certains joueraient plus tard des rôles clés dans la lutte du bloc H : Brendan Hughes, Brendan (Bik)
McFarlane, Larry Marley et Pat Beag Mc Geown entre autres.
Bobby fut relâché de la cage 11 en avril 1976 et rejoignit la lutte. Il était engagé dans des activités de l’IRA mais travaillait aussi dans sa communauté locale à Twinbrook. Il participa à la création d’une association de locataire et d’une maison de jeunes. Il était marié et avait un fils de trois ans, Gérard.
Six mois après être sorti de prison, Bobby fut arrêté de nouveau à la suite d’un attentat à la bombe dans un entrepôt de meubles. Il s’en était suivi une fusillade entre l’IRA et la RUC et deux des camarades de Bobby furent blessés. On trouva une arme dans la voiture et ses quatre occupants furent tous inculpés du recel de ce même pistolet. Bobby fut conduit à Castlereagh où il fut interrogé pendant sept jours. Il refusa de parler aux détectives de la Spécial Branch et refusa de reconnaître le tribunal lors de son procès. Un de ceux qui furent arrêtés avec lui était Joe McDonnel, l’homme qui remplaça Bobby en grève de la faim après sa mort et qui mourut à son tour au bout de soixante et un jours le 8 juillet 1981.
Bobby fut condamné à quatorze ans de prison en septembre 1977. Cette fois-ci, conformément aux tentatives britanniques de faire passer le républicanisme irlandais militant pour une conspiration criminelle, on lui refusa la catégorie spéciale ou le statut politique et il fut interné comme un prisonnier ordinaire dans les blocs H de Long Kesh.

Cela faisait plus d’un an que le gouvernement britannique faisait pression sur les prisonniers politiques des blocs H et de la prison de Armagh afin qu’ils se plient au règlement pénitencier : qu’ils portent l’uniforme du criminel britannique et qu’ils exécutent les travaux obligatoires dégradants.
Les prisonniers républicains irlandais qui avaient été arrêtés dans le cadre de lois spéciales, interrogés dans des centres spéciaux et condamnés par des tribunaux spéciaux sans jury refusèrent de se laisser criminaliser, de porter l’uniforme ou d’effectuer le travail obligatoire. Pour essayer de se réchauffer, ils portaient une couverture : ainsi commencèrent les « blanket protests » ou protestations-couverture.
Pendant des années, les prisonniers furent tenus en isolement total et battus.
A la longue, leur grand nombre fit que beaucoup de blanket-men se retrouvèrent ensemble en cellule. Dans la prison de Armagh, les femmes républicaines, elles aussi, résistèrent au programme de criminalisation et furent persécutées par les autorités pénitentiaires.
En mars 1978, le personnel pénitencier alla plus loin dans ses efforts pour casser le mouvement des prisonniers du bloc H en leur refusant l’accès aux toilettes et aux salles de bain, les obligeants ainsi à vivre dans des conditions d’insalubrité extrême. Cette protestation « no wash / no slop-out » continua jusqu’en mars 1981.
Peu de temps après son arrivé dans les blocs H, Bobby Sands fut délégué Officier aux Relations Publiques des hommes-couvertures. Ses témoignages suivent les événements dans la prison : le développement du phénomène des couvertures, le début des protestations concernant la toilette, les passages à tabac, les mauvais traitements en général, les fouilles au corps. Ils nous montrent aussi la détermination et la dignité de ces hommes qui persévérèrent envers et contre tout, dans la plus longue protestation pénitentiaire de républicains irlandais jamais connue, malgré la violence et la propagande du gouvernement britannique.
[…]
En 1980, malgré les luttes considérables et la campagne de soutien populaire de grande envergure, et après des années de protestation dans la prison, le gouvernement britannique persistait dans sa stratégie de criminalisation. A l’automne, des hommes du bloc H et des femmes d’Armagh commencèrent une grève de la faim qui dura cinquante-trois jours et qui cessa, sans qu’il y ait eu de victime, quand le gouvernement britannique promit d’introduire un régime carcéral plus libéral. Bobby ne fit pas partie de cette grève ; il avait succédé à Bendan Hughes dans la position d’Officier Commandant des prisonniers.
Le gouvernement Britannique n’honora pas sa promesse et Bobby et ses camarades entamèrent une deuxième grève de la faim, le 1er mars 1981. Bobby fut le premier à cesser de s’alimenter, deux semaines avant Fancis Hughes. Il espérait que le sacrifice de sa vie et les retombées politiques pousseraient le gouvernement britannique à négocier un accord avant que d’autres camarades ne meurent.
Quelques temps plus tard, le MP (Membre de Parlement) indépendant de Fermanagh et Tyrone-sud, Franck Maguire, qui fut très actif pour la cause des prisonniers, mourut d’une crise cardiaque. Des élections furent organisées suite à ce décès et c’est Bobby qui fut élu MP de Fermanagh et Thyrone-sud sur la liste des "prisonniers politiques", faisant la une des journaux dans le monde entier.
Cette action historique montra bien le soutien qui existait pour les prisonniers parmi les nationalistes. La propagande britannique prétendait le contraire. L’élection de Bobby au Parlement aurait du être l’occasion pour le premier Ministre Britannique, Margaret Thatcher, de résoudre la crise de la grève de la faim. Il n’en fut rien. Non seulement les britanniques refusèrent de négocier, mais en plus ils firent voter une législation pour changer la loi électorale afin que toute candidature provenant d’un prisonnier républicain fût irrecevable dans les élections à venir.
Autant pour la démocratie britannique !
[…]
Les nationalistes reconnaissaient les prisonniers républicains comme étant des prisonniers politiques et soutenaient leur lutte en prison.
Et malgré ce résultat, le gouvernement britannique demeura intransigeant.
Le Volontaire de l’IRA et Membre de Parlement Bobby Sands mourut le 5 mai, soit le soixante-sixième jour de sa grève de la faim. Toute l’Irlande connaissait son nom et son sacrifice, comme celui des grévistes qui le suivirent, renversa la propagande britannique et contribua réellement à faire avancer la cause de la liberté irlandaise.
Au cours des trois mois suivants, neuf autres hommes-couvertures, Francis Hughes, Raymond McCreesh, Patsy O Hara, Joe McDonnell, Martin Hurson, Kevin Lynch, Kieran Doherty, Thomas McElwee et Micky Devine moururent aussi en grève de la faim.
Le 3 octobre 1981, les prisonniers se sentirent contraints à abandonner leur grève de la faim après que plusieurs familles, encouragées par l’Eglise catholique, eurent sanctionné l’intervention médicale lorsque leur fils ou mari perdit connaissance.
[…]
Bobby Sands fut donc à la tête des hommes-couvertures et il mena la seconde grève de la faim, mais il fut aussi l’écrivain le plus prolifique du bloc H. Il écrivit des déclarations et des articles de presse et, sous le nom de "Marcella", prénom de sa soeur, il composa des poèmes et des nouvelles qui furent publiés dans Republican News et ensuite dans An Phoblacht / Republican News (6), après la fusion de ces derniers en février 1979.
Ses écrits couvrent les quatre dernières années de sa vie, passées dans les blocs H 3, 4, 5, et 6. Il les rédigea sur des feuilles de papier hygiénique de la prison ou sur du papier à cigarette avec une recharge de stylo à bille qu’il gardait dissimulée dans son corps. Il écrivit aussi en tant que "jeune républicain de Belfast-Ouest" et en tant que responsable des Relations Publiques des hommes-couvertures des blocs H 3, 4 et 6.


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Akye
Jeudi 28 Janvier 2010





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