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Comment survivre et résister dans les quartiers de haute sécurité




Brochure "Comment survivre et résister dans les quartiers de haute sécurité".


Sur les textes et la traduction : Les textes proposés ici ont été traduits de l’anglais. Ils sont tirés de plusieurs brochures publiées aux États-Unis :

- « Manuel de survie pour les détenus placés à l’isolement et les victimes de la répression» est extrait de la brochure écrite par Khalfani Malik Khaldun, Handbook on surviving solitary confinement. A survival manual for the targeted prisoner. Elle a été publiée en 2004 par The Books 4 Prisoners Crew (Cincinnati, États Unis).
- « La conscience de soi contre l’isolement », « Garder le contrôle » et « Huit stratégies de survie » sont extraits de Survival in Solitary. A manual written by & for people living in control units. Ce livre a été publié pour la première fois en novembre 1997 par l’American Friends Service Committee, une association quaker abolitionniste. En 2012, l’ouvrage a été republié pour la cinquième fois, mais il est souvent édité et diffusé sous forme de brochure, notamment par l’Anarchist Black Cross.

Les textes n’ont pas été modifiés, à part celui de Khalfani Malik Khaldun qui a été légèrement abrégé (en particulier la première partie et le point 7, très juridiques et peu pertinents pour les francophones). Par ailleurs, nous avons écrit quartier d’« isolement » ou de « haute sécurité », alors que les textes originaux évoquaient généralement des régimes de détention divers (« control units », « administrative segregation », « security housing units », etc.), mais leurs subtiles spécificités sont sans intérêt ici.

Les notes de bas de page sont de Soledad & associées.


Sommaire :

Introduction
La conscience de soi contre l’isolement
Garder le contrôle
Huit stratégies de survie
Manuel de survie pour les détenus placés à l’isolement et les victimes de la répression carcérale
Pour aller plus loin…



Introduction
Soledad & associées



L’idée de cette brochure est née à la lecture de textes de prisonnier-e-s placé-e-s dans des quartiers de haute sécurité aux États-Unis, à commencer par le Manuel de survie à l’isolement. Un guide de survie pour les prisonniers victimes de la répression de Khalfani Malik Khaldun. À l’instar d’autres prisonnier-e-s, Khalfani Malik Khaldun explique les « trucs » qui lui ont permis de réussir à vivre et à lutter dans des conditions de détention particulièrement dures. Il ressort nettement de l’ensemble de ces textes que la survie ne dépend pas de capacités personnelles, d’une force particulière ou d’un don individuel. Les techniques que les prisonnier-e-s décrivent peuvent être partagées, transmises – et adaptées. Elles sont en effet des réponses concrètes et appropriées aux techniques de coercition mises en place par l’Administration pénitentiaire.

Les textes de cette brochure ont été écrits par des prisonnier-e-s états-unien-ne-s, dans un contexte où les placements dans les quartiers de haute sécurité sont généralisés – alors même que le pays recourt massivement à l’incarcération. Les auteur-e-s évoquent leurs techniques de survie et c’est, à notre sens, bien plus intéressant que des descriptions des conditions de vie dans ce type de détention. Voici néanmoins quelques éléments de compréhension de leur situation…

Des prisons aux « supermax »

Les quartiers de haute sécurité ont des noms divers. Cela peut s’appeler « Special Housing Unit » (comme à Pelican Bay, Californie), « Intensive Management Unit » (comme dans l’État de Washington), « Security Housing Unit », « Restricted Housing Unit », « Behavioral Management Unit » ou encore « Communications Management Unit ». Il existe même des prisons entières avec un régime de haute sécurité : on parle alors de « supermax » ou de « super maximum security prison » (comme le pénitencier fédéral de Florence, Colorado). Quelle que soit son appellation dans un établissement ou un état particulier (il y a en fait un système pénitentiaire au niveau fédéral et autant de systèmes pénitentiaires qu’il y a d’états), le régime de haute sécurité signifie toujours la réduction des contacts humains au minimum et un environnement caractérisé par la privation sensorielle.

L’isolement de la personne détenue est au coeur du projet carcéral : il s’agit en effet d’abord de séparer la personne de ses proches et de son « milieu » (à entendre comme un « milieu naturel » dont elle serait le produit). Mais les bâtisseurs de prisons ont rapidement compris que l’ambition affichée de réformer les détenu-e-s imposait également de les isoler les un-e-s des autres. L’Eastern state penitentiary (Philadelphia, Pennsylvanie) est la première prison construite sur ce principe. Mais, quand elle ouvre en 1829, c’est une prison en avance sur son temps : le régime d’isolement strict qui y est appliqué, de jour comme de nuit, tranche avec l’encellulement collectif qui règne alors partout ailleurs, aux États-Unis comme en Europe. Le XIXe siècle est davantage le siècle du dortoir que de la cellule individuelle…

Les quartiers de haute sécurité états-uniens sont le fruit d’une histoire plus récente. La prison fédérale de Marion (Illinois) est ouverte en 1963 pour remplacer celle d’Alcatraz, où étaient enfermés les prisonniers considérés comme les plus dangereux au niveau fédéral. C’est à Marion, en 1973, qu’est conçue, pour une soixantaine de prisonniers, l’une des premières « unités de contrôle ». La même année, le New Jersey et le Massachussetts ouvrent des quartiers de détention similaires. En 1983, en représailles de l’assassinat de deux gardiens, le régime de haute sécurité est appliqué à l’ensemble de la détention à Marion. À partir de ce moment-là, on parle de « marionisation » des prisons états-uniennes car elles sont de plus en plus nombreuses à s’inspirer du régime de détention en cours à Marion. Mieux : la première prison dont la construction intègre des impératifs liés au régime de haute sécurité ouvre en 1989. C’est la prison de Pelican Bay et ses fameuses 1 200 cellules sans fenêtre du SHU (Special Housing Unit). Au milieu des années 1990, la marionisation est bien avancée. 45 états et le système fédéral possèdent des quartiers de haute sécurité tandis qu’apparait une nouvelle génération de prisons haute sécurité : les « supermax ».

Aujourd’hui, on estime que quelques 25 000 prisonnier-e-s (soit 1% de la population carcérale) subissent un régime de haute sécurité. Parmi eux, plusieurs milliers de mineurs placés là « pour leur protection ». À cela, s’ajoutent près de 400 000 immigrants qui passent chaque année dans des centres où le recours à l’isolement est également répandu.

Les procédures de placement d’une personne dans un quartier de haute sécurité sont diverses, mais on peut distinguer deux situations : soit la personne a violé les règles pénitentiaires et ce placement est punitif (« disciplinary » ou « punitive segregation »), soit il s’agit d’une mesure administrative (« administrative segregation ») qui vise à « protéger » un individu ou à l’empêcher de commettre de nouveaux délits/crimes – et alors la décision est prise sur la base de caractéristiques individuelles (âge, sexualité, origines sociales, etc.), de l’affiliation (réputée ou avérée) à un gang, de croyances politiques, des types de délits/crimes, etc. Non seulement les critères sont arbitraires et flous, mais les décisions de placement en quartier de haute sécurité de l’administration pénitentiaire sont quasiment inattaquables.

Le risque de placement dans un quartier de haute sécurité est supérieur pour les non-blancs (voir p. 10), notamment en raison du préjugé de l’affiliation à un gang pour les noirs et les latinos. On observe également dans les quartiers de haute sécurité une surreprésentation des personnes ayant des handicaps ou des problèmes mentaux, des homosexuel-le-s et des personnes trans, des non-anglophones, des musulman-ne-s (bien au-delà des seules personnes accusées d’actes de terrorisme), des militant-e-s politiques et d’une manière générale des personnes qui critiquent les conditions de vie en détention ou qui sont procédurières avec le système judiciaire et carcéral …

Le recours massif à l’isolement se conjugue à un autre phénomène : le triomphe de la culture de la punition qui, simultanément à la guerre contre la drogue et à l'aggravation de la longueur des peines prononcées, a fait quadrupler aux États-Unis, entre 1980 et 2009, la population carcérale (voir p. 10). Il y a aujourd’hui 2 240 000 prisonnier-e-s, soit un taux d’incarcération record de 743 sur 100 000 personnes ou 0,75% (1).

Le régime de haute sécurité implique diverses formes de privation sensorielle : lumière ou, à l’inverse, obscurité permanente (et absence de lumière naturelle), insonorisation ou bruits de fond empêchant d’entrer en contact avec les personnes détenues dans les cellules voisines… D’une manière générale, les prisonnier-e-s sont soumis-e-s à un dispositif de surveillance extrêmement développé. Ainsi, dans la prison d’Upstate (New York), il y a 370 surveillants et 800 caméras pour 1 500 prisonniers. Les contacts humains, y compris avec les gardiens, sont réduits au minimum : les repas sont distribués par une ouverture dans la porte de la cellule, les promenades (une heure par jour) s’effectuent seul-e-s et il y a rarement des activités culturelles, éducatives ou thérapeutiques. Les possibilités de correspondance et de passer des appels téléphoniques sont réduites et les conditions de visite sont extraordinairement restrictives (quasi-systématiquement derrière une vitre). À cela s’ajoute l’éloignement des prisons des centres urbains, ce qui ne facilite pas les déplacements des proches : par exemple, la prison de Pelican Bay, à l’extrême nord de la Californie, est à 6 heures de route de San Francisco et à 13 heures de Los Angeles, les deux principales villes de l’état.

Les mesures de placement dans les quartiers de haute sécurité ne sont pas définies dans le temps (cette incertitude est un facteur d’anxiété pour les prisonnier-e-s), mais elles s’avèrent généralement longues. Ainsi, en Californie, le temps moyen passé dans ce type de quartier est supérieur à 6,5 années. Parmi les 1 111 prisonniers du SHU de Pelican Bay, 513 y sont depuis plus de 10 ans et 78 depuis plus de 20 ans. Côté records : Thomas Silverstein est le prisonnier fédéral qui est depuis le plus longtemps (30 ans) placé dans un régime « sans contact ». Quant aux prisonniers d’état Herman Wallace et Albert Woodfox (Louisiane), ils sont à l’isolement depuis 42 ans.

Les prisonnier-e-s comme les chercheur-e-s s’accordent sur le fait que de telles conditions de détention favorisent l’apparition de troubles divers, aussi bien psychiques et que physiques. Il n’est pas surprenant qu’on rapporte également un nombre plus élevé de suicides et d’automutilations dans les quartiers de haute sécurité que dans les autres types de détention. D’une manière générale, l’état de santé des personnes placées dans des quartiers de haute sécurité se dégrade rapidement.

(1) Le taux d’incarcération moyen en Europe est de 100 pour 100 000 personnes. Voir « World Prison Brief », mars 2010. http://www.prisonstudies.org


Lire la suite en téléchargeant la brochure ici:

Akye
Mardi 26 Novembre 2013





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