
Brochure du journal Francilien de lutte contre le capital et contre l’état (5 novembre 2010).
Que nous ayons l’espoir de nous retrouver un jour enfin à la retraite, ou, au contraire, que nous ayons la certitude que nous n’en aurons jamais, une chose est sûre : ce que nous voulons c’est simplement être en grève jusqu’à la retraite ! Car nous ne voulons plus trimer, nous ne voulons plus nous faire exploiter, ni survivre avec les miettes que nous laissent les patrons et l’état. Au contraire, nous voulons détruire le Capital et ses flics, pour que d’autres possibles s’ouvrent à nous, pour que des horizons nouveaux se dessinent...
L’état et les patrons ne comprennent qu’un langage : grève, blocage, sabotage
(Communiqué — 18 octobre — turbin@riseup.net — source : http://paris.indymedia.org)
Depuis plusieurs jours de multiples initiatives fleurissent partout : blocages de lycées, de gares, de raffineries, d’autoroutes, occupation de bâtiments publics, de lieux de travail, de centres commerciaux ; coupures d’électricité ciblées, saccages de permanences électorales et de mairies…
Dans chaque ville, ces actions viennent intensifier le rapport de force et montrer que nombreux sont ceux qui ne se satisfont plus des formes d’actions et des mots d’ordre imposés par les directions syndicales. En région parisienne, parmi les blocages de lycées et de gares, les grèves dans les écoles primaires, les piquets d’ouvriers devant les usines, des assemblées interpro et des collectifs de luttes se tiennent pour tenter de casser l’isolement et les séparations catégorielles. Leur point de départ : l’auto-organisation pour répondre à la nécessité de nous approprier nos luttes sans la médiation de ceux qui prétendent parler au nom des travailleurs. Nous sommes nombreux à ne pas nous organiser selon les formes traditionnelles de la grève sur un lieu de travail et pour autant à vouloir contribuer au mouvement général de blocage de l’économie.
Car ce mouvement est aussi une occasion pour aller au delà de l’unique problématique des retraites, poser la question du travail, développer et construire ensemble une critique de l’exploitation.
À partir de ces questionnements, nous avions, ce samedi, décidé d’occuper l’Opéra Bastille. Il s’agissait de perturber une représentation retransmise en direct à la radio, jouer les troublions
dans un lieu où circule la marchandise culturelle et d’y organiser une assemblée. Nous nous sommes donc retrouvés à plus d’un millier place de la Nation autour des banderoles
« Les patrons ne comprennent qu’un langage : grève, blocage, sabotage » et « Contre l’exploitation, bloquons l’économie » avec aussi l’envie de déborder le cadre étroitement délimité de la manif syndicale. Nous avons remonté la fin du cortège à contresens afin de rejoindre le lieu de l’action, pour nous retrouver finalement en manifestation libre bien qu’entourés d’un dispositif policier imposant. Assez rapidement, plus d’une centaine de flics en civils aidés par le service d’ordre des syndicats ont scindé le cortège en deux, empêchant un certain nombre de personnes de nous rejoindre. À coups d’oeufs et de pétards, nous avons autant que possible éloigné la flicaille de notre manif et accessoirement laissé quelques traces sur notre chemin. Rappelons au passage à ceux qui ne trouvent rien de mieux à faire que de spéculer sur des policiers infiltrés à partir des images volées par les journaflics, qu’il n’est pas question de pleurer sur deux vitrines de banques dont l’attaque ne constitue qu’une faible réponse à la violence du capital.
À l’arrivée à Bastille, pression policière et confusion aidant, seule une cinquantaine de personnes ont finalement pénétré dans l’opéra tandis que les autres choisissaient de se disperser.
Les flics qui s’étaient déployés sur la place sont parvenus à arrêter une quarantaine de personnes qui ont été emmenées en garde à vue dans plusieurs commissariats. Lundi soir, la plupart ont été libérées, mais au moins 5 autres ne le sont pas et passent devant le juge ce mardi et seraient inculpées d’attroupement armé et dégradations en bande organisée. Comme toujours, le pouvoir fait le choix de taper vite et fort, espérant accentuer ou créer des séparations (entre syndicalistes raisonnables et « jusqu’au-boutistes », entre lycéens et casseurs…) et briser tout ce qui participe à faire émerger un véritable rapport de force contre l’état et les patrons. La police dégaine flashball et tonfas contre les lycéens un peu trop énergiques ; les ouvriers des raffineries subissent les assauts des flics mais aussi les menaces directes de poursuites et de réquisition par le préfet ; les
manifestants énervés qui auront décidé de ne pas se disperser dans le calme risquent la prison ferme comme à Saint-Nazaire.
Depuis le début du mouvement, plus de 1 000 personnes ont déjà été interpellées...
La multiplication des initiatives échappant aux traditionnels fossoyeurs des luttes apporte un démenti clair à tous ceux qui voudraient isoler des moutons noirs et empêcher la contestation de remettre en cause ce qui est quotidiennement accepté, au-delà du nombre d’années de cotisation. Ces actions nous permettent d’entrevoir la possibilité d’un mouvement où les luttes corporatistes sont dépassées, où les bureaucrates perdent pied, où la lutte ne se limite pas à de prétendus acquis.
Il Y A BIEN PLUS À PRENDRE QUE CE QU’ON VEUT NOUS FAIRE CROIRE ! ARRÊT DES POURSUITES. LIBERTÉ POUR TOUS...
Quelle est cette vie ?
(Tract — 17 octobre — proletairesenavant@hotmail.fr — http://juralibertaire.over-blog.com)
Quelle est cette vie ? lorsque c’est la violence du réveil qui te tire du lit, lorsque tu passes de longues heures dans les transports, au boulot. À devoir subir les chefs, le bruit des machines, la luminosité d’un écran, à courber l’échine, à devoir être rentable. Lorsque ton corps se détruit, que mal de dos, de ventre, d’articulations, d’oreilles … te rappellent qu’il n’est pas une machine dont une défaillance quelconque se résout par un remplacement d’une pièce neuve. Nos organes seront défectueux à jamais, alors bonjour les médocs et autres saloperies médicinales qui te détruiront encore un peu plus, te pourriront le reste de l’existence… une existence d’esclave salarié.
Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que dès qu’il n’existe plus de contrainte économique, physique LE TRAVAIL EST FUI COMME LA PESTE.
Voilà la réalité, que parfois tu te caches à toi-même : tu vantes les mérites du travail en public, te complais dans ce que tu fais, alors que tu sais au fond de toi qu’il te détruit et que tu voudrais vivre sans ce fardeau.
Bizarre quand même ! La dictature de l’économie qui t’oblige à te vendre pour survivre se transforme en une servitude volontaire : tu proclames que le travail est nécessaire ! Alors écoute ton corps et comprends que le capital te fait jouer un rôle, jusqu’à sentir ton corps se délabrer et savoir que jamais tu ne pourras profiter pleinement de la vie, jusqu’en crever comme tes collègues que tu connaissais si bien et morts des «suites d’une longue maladie». Aujourd’hui, dans cette manifestation tu crois que les choses peuvent changer, que le nombre, le bruit, les couleurs, les flonflons suffiront pour que cette loi qui aggrave nos conditions de vie soit annulée.
Or ce nombre n’est pas la force, c’est du vent. «Nos» dirigeants syndicaux, politiques de gauche nous comptent, parce que pour eux, nous ne sommes qu’une masse de manoeuvre pour faciliter leur retour aux affaires, un vulgaire marchepied. Parvenus là, que changeraient-ils à cette loi ? Rien ! Parce que cette société régie par le profit impose dictatorialement l’allongement du temps de travail, impose une exploitation toujours plus accrue de la force de travail. Notre riposte n’étant pas à la hauteur des attaques subies, il n’y a aucune raison pour que les bourgeois ne continuent pas dans la voie de l’austérité !
Mon ami, mon camarade, mon collègue de travail ce que l’on t’a mis dans la tête, c’est le fatalisme. De croire que tu ne peux rien, sinon glisser éventuellement un bulletin de vote dans une urne, en clair ne rien faire pour que les choses changent radicalement.
Ne faisons en rien confiance à ceux qui parlent en notre nom pour que notre exploitation se perpétue. Ne leur déléguons pas notre force, car nous savons d’expérience qu’ils sont prompts à nous vendre au plus offrant, copains comme cochon avec les gouvernants.
Tu pourrais être une force active, qui change le monde. Aujourd’hui en acceptant les principes de cette manifestation, tu restes dans le rôle de l’éternel râleur qui se fait manipuler. Gueule tant que tu veux ! Tu délègues ta force alors que le pouvoir est en toi. Ton pouvoir qui dort, absorbé par la routine — métro-boulot-télé-dodo — par l’isolement et le repli sur soi, par la croyance que seuls des sauveurs suprêmes sont à même de te sauver, pendant que tu te tues au travail pour un salaire de merde. La peur, la routine, la passivité régissent nos semblants de vie.
Alors sors de ton isolement ! Retrouvons-nous ! La grande peur des gouvernants, syndicats y compris, c’est que tu te prennes en charge toi-même au lieu de rester spectateur et t’admirer à la télé, comble de l’impuissance. Ils flippent que tu t’organises avec tes potes en donnant plus de force à ce que tu fais déjà : de la résistance quotidienne — sabotage, coulage, absentéisme, pause — jusqu’à l’organisation de grèves sauvages en passant par le soutien à d’autres luttes.
Nous sommes tout dans ce monde, mais paradoxe cruel nous ne sommes rien aujourd’hui. Rien que des moutons qui défilent derrière des chefs de file.
Ce qui peut assurer le triomphe de nos exigences c’est l’organisation de notre force autonome en dehors et contre toutes les structures de l’État ! En dehors et contre les syndicats, partis politiques
quels qu’ils soient !
Des prolétaires
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