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L'album "Islanders" de Spiri2all disponible en CD et Digital





« Spiri2all est un groupe de rap d'Ajaccio (Corse) formé en 2008 par Ashra et Sekor. Après 4 projets sortis en téléchargement gratuit, découvrez le premier album Islanders avec La Réplic, Axel et DJ Padrino aux manettes ». Voilà ce que nous dit la bio officielle sur le Bandcamp du groupe. Nous pourrions ajouter que c’est un groupe de rap « conscient », « engagé » ou « militant » selon la def’ que l’on préfère utiliser pour définir un rap avec des textes qui dénonce des choses d’un point de vue politique ou qui utilise la musique comme outil critique dans une société traversée par des rapports de domination et d’oppression. 
Le groupe ajoute une précision : « Islanders est le 1er album du groupe corse Spiri2all. Ambiance boombap et films d'horreur, textes tranchants et réfléchis : Le rap qu'il contient est une sorte de retour vers le futur ». 
Cet album est disponible depuis le 19 août 2016 en CD et version digitale. 14 titres sombres, dénonciateurs et traversés par une revendication culturelle et politique d’un point de vue d’une « libération nationale corse », un titre comme « Nos propres barrières » évoque cela, le titre du skeud aussi, l’identité insulaire est clairement mise en avant. Ce serait pourtant réducteur de résumer les revendications du groupe à une seule et même cause. Le discours est antifasciste et anticapitaliste, l’autogestion, l’anarchie et la solidarité sont brandis comme des étendards, « la guerre des mots », « jusqu’à nouvel ordre » ou « Red and Black list » sont à ce titre très évocateurs. 
L’indépendance musicale est aussi revendiquée. L’introspection traverse quelques titres comme « Des espoirs », avec une sorte de mélancolie désabusée en toile de fond. Le disque s’achève sur un « Demain » plein de scratchs et sans illusion. Mais ce que l’on retient du skeud malgré une ambiance générale assez dark c’est qu’à partir du moment où l’on s’exprime et lutte « on a déjà gagné ». 

Tracklist :
01) Comme une allumette
02) Nos propres barrières
03) Ce qui rend plus fort
04) Des espoirs
05) Quand on veut
06) La guerre des mots
07) Du centre de la meute
08) Hors-jeu
09) Jusqu'à nouvel ordre
10) Red & Black List
11) La veille de ta chute
12) Jugement dénié
13) Ils ne nous feront pas taire
14) Demain



D’où venez-vous exactement ?
 
On vient tous les deux d’Ajaccio dans le sud-ouest de la Corse, une île de Méditerranée (colonisée par la France depuis le 18ème siècle) qui regroupe un peu plus de 300 000 âmes et où tout est encore à faire au niveau du hip-hop.

 
Quand avez-vous commencé à rapper de façon professionnelle et décidé de sortir des skeuds ?
 
Le groupe est né en 2008 de cette volonté de faire les choses bien. À l’époque on ne prétendait pas faire ça professionnellement car on était encore jeunes, peu entourés et sans véritables moyens mais on était déjà décidés à réunir du monde et à porter le truc vers le haut pour pouvoir, un jour, sortir des bons skeuds de rap d’ici. Bon, il nous a fallu presque 10 ans pour sortir le premier en physique, mais à notre échelle on a réussi. Maintenant la machine est lancée et en plus de motiver d’autres jeunes et d’autres structures, un public est né et c’est en grande partie grâce à ce public que le rap s’est fait une petite place dans les rares salles et radios de l’île, parce que c’est le meilleur public !

 
Quelles ont été vos influences ?
 
Niveau rap il y a pas mal de groupes ou artistes comme House of Pain, Cypress Hill, le Wu Tang, Public Enemy, Busta Rhymes, Rocé, Fabe et la Scred, Casey, La Rumeur ou NTM et IAM hein, parce que on a commencé avec ça… Mais il y en a plein d’autres, y compris des plus récents et dans d’autres styles que le boom bap qu’on affectionne tant mais on ne peut pas tout citer. Après les influences c’est compliqué, nos idées politiques nous influencent beaucoup, donc les lectures, la vision des choses, les rêves, les combats et la vie de chacun plus généralement, influent nécessairement sur le son qu’on fait.

 
Avez-vous toujours eu un discours « revendicatif » ?
 
Quand on a commencé, avant même de former le groupe, on aimait déjà le rap qui disait quelque chose. Imagine, dans les années 90’… Pour nous le rap c’était ça ! Sinon y’avait les boys band… Donc ouais, quand on apprenait à écrire des textes on a même écrit quelques sons en mode égotrip mais dès le début on savait qu’on voulait passer des messages et c’est ce qu’on a commencé à faire avec Spiri2all.

 
Comment on pourrait définir le rap fait par des Corses ?
 
Comme du rap fait par des américains, des français, des italiens ou des algériens : c’est du rap. Comme dit notre pote Futta dans le documentaire « Loin des standards » : le hip hop est la plus grande nation au monde ! Alors même si l’île, comme chaque endroit au monde, a ses spécificités et ses problèmes et qu’on en parle aussi dans nos sons, en théorie ça reste du rap. Dans la pratique c’est autre chose : dans une société d’étiquettes, en opposition au rap français ou au rap us, on le définit comme du rap corse.
 

Pouvez-vous nous parler de la scène rap là-bas ?
 
C’est encore une toute petite scène. Il y a peu de groupes aboutis et dans des styles et avec des idées différentes il est difficile de réunir tout le monde. On essaye de développer le label Cors Bros Prod (www.corsbros.com) avec quelques artistes comme Axel aka LxA aka le chef d’orchestre (beatmaker, dj, bassiste, il a plein de cordes à son arc…), Tino L’insulaire (Entre Urbalacone et Montreuil, il prépare son skeud en ce moment), Torpa aka The skinwalker (un pote avec qui on a commencé à rapper, il prépare aussi son truc en ce moment) et une petite équipe en backstage qui aide à gérer tout ce qu’il y a autour.
Mais il y a quelques jeunes qui commencent écrire un peu partout donc le truc grandit chaque jour. Puis ici, tu peux quand même trouver au hasard d’une rencontre, un type qui fait des beats depuis plus de 15 ans, avec sa mpc 2000 xl et sa platine dans un hameau de 5 habitants… Le seul truc c’est qu’il n’y a pas assez d’émulation et de moyens pour bien développer la scène, parce que le public y est ! Le rap est ce qu’il y a de plus écouté chez les jeunes, ici aussi.
 

Est-ce que vous rencontrez des difficultés pour vous produire ou tourner ?
 
Le fait d’être sur une île fait qu’on est isolés. Donc oui, comme la scène rap ici n’est pas très grande et qu’il faut traverser la mer pour rencontrer des gens, apprendre, partager, faire des scènes et tourner de manière générale, c’est plus compliqué que si on était en métropole. Surtout au niveau financier et au niveau des contacts aussi parce que au bout d’un moment tu tournes en rond…
Pour nous produire on a rencontré les difficultés que peut rencontrer un groupe qui veut faire un premier disque, mais qui ne peut avoir l’aide et les conseils de pas grand monde car il n’y a personne. Genre il y a des trucs cons sur lesquels personne ne pouvait nous renseigner. On aurait été ailleurs on aurait su des trucs en une heure au lieu de les trouver nous même au bout de 6 mois de recherches acharnées. À ce niveau-là, on a surmonté la difficulté en apprenant et en faisant le truc nous-mêmes. Ce qui n’est pas plus mal parce qu’en attendant de pouvoir faire mieux, on peut déjà sortir des skeuds et les mettre dans tous les disquaires indépendants de France. C’est un bon début, pour nous et ceux qui arrivent.
Pour tourner, la difficulté est d’autant plus grande que ça coûte plus cher de te faire venir de Corse que de n’importe quelle ville de métropole. On tourne chez nous mais à un moment il faut bouger aussi sinon, encore une fois, tu tournes en rond. Alors pour l’instant on a joué pas mal en Sardaigne et en Italie (bizarrement les billets sont plus abordables, ce qui permet aux organisateurs de gérer le truc) mais pour faire des scènes en métropole, même si quelques-unes sont prévues, il nous manque trop de moyens et le fait de ne pas être sur place ne nous permet pas de trouver plus de dates. On bosse là-dessus justement parce que c’est quand même une barrière pour la scène insulaire.
 

Vos futurs projets ?
 
Un autre album, un projet en tant qu’Isulana Familia avec nos potes de Sardaigne, Futta et DJ Padrino, un autre Ferry Tales ? Pour l’instant on prépare ce qu’il faut et on dévoilera les dates en temps voulu. En ce moment on se bouge pas mal au niveau associatif aussi afin de développer le mouvement au mieux et de permettre aux jeunes qui aiment cette musique d’avoir les outils pour faire ce qu’ils aiment sans nécessairement devoir partir.
 

Mot d’la fin ?
 
Merci à toute l’équipe. Bboykonsian présent depuis le début ! Heureusement qu’il y a encore des vrais médias qui résistent et savent faire la part des choses, dans le vrai esprit du hip hop. On écoute, on respecte et on soutient ! Big up !



FB : https://www.facebook.com/spiri2all

Bandcamp : https://spiri2all.bandcamp.com

Album disponible en CD dans notre boutique en ligne : http://www.bboykonsian.com/shop/Spiri2all-Islanders_p1146.html

 
Farabundo 424
Jeudi 11 Mai 2017





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