Interview d'Alas


Lutter à la frontière
Entretien avec Alas
rappeuse et militante xicana


Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques, le Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) a organisé du 14 octobre au 6 novembre 2017 la tournée européenne de hip-hop amérindien « Decolonize America ! Water Is Life ». Cet événement a été l’occasion de réunir les artistes Alas (xicana), Nataanii Means (diné/navajo, omaha et sioux oglala-lakota), Tufawon (sioux dakota et portoricain), Witko (sioux oglala-lakota) et DJ B. (zuni), qui étaient dans les camps de résistance à Standing Rock afin de soutenir la lutte contre la construction de l’oléoduc Dakota Access Pipeline (DAPL) par Energy Transfer Partners (ETP).
Le mouvement « No Dakota Access Pipeline » est né début 2016, en opposition aux travaux de construction d’un oléoduc dans le Dakota du Nord menaçant de polluer la rivière Missouri. À partir d’avril, des campements de résistance se mettent en place au cœur de la réserve de Standing Rock, rassemblant des milliers de personnes venues de plusieurs centaines de peuples autochtones des États-Unis, du Canada et du Mexique. Bien que les camps aient été finalement démantelés par la police et la garde nationale en février 2017, la mobilisation à Standing Rock est à ce jour le plus grand mouvement de défense des droits des peuples autochtones en Amérique du Nord, depuis l’Occupation de Wounded Knee en 1973.
Chacun des concerts à Paris, Marseille, Genève, en Italie, au Pays basque, à Bruxelles et à Ivry-sur-Seine, ont aussi été l’occasion de moments d’échanges et de rencontres avec le public au cours desquels les Protecteurs de l’eau ont pu partager leurs expériences sur le terrain, faire part des différentes stratégies de lutte (actions directes, désobéissance civile) et des dangers auxquels ils ont été exposés lors de la mobilisation. La résistance menée à Standing Rock s’est en effet accompagnée d’une forte répression (tirs de balles en caoutchouc, Flash-Ball, gaz lacrymogènes, canons à eau à des températures inférieures à 0 entraînant des cas graves d’hypothermie), qui a conduit à l’arrestation de plus de 800 personnes (dont certains des artistes de la tournée), et de Red Fawn Fallis (sioux oglala-lakota, fille d’une membre historique de l’American Indian Movement), arrêtée arbitrairement le 27 octobre 2016 et qui encourt une peine de 20 ans de prison pour des allégations de port d’arme illégal et tentative de meurtre sur les forces de l’ordre. Son procès devrait se tenir en janvier 2018.
Ces débats ont aussi permis d’expliquer les enjeux de la lutte face aux multinationales et à leurs mégaprojets d’extraction extrême, et les formes par lesquelles la résistance pouvait perdurer après que le président états-unien Donald Trump ait ratifié la construction de l’oléoduc DAPL et relancé celui de Keystone XL. Alors que d’autres projets liés aux sables bitumineux et aux énergies fossiles sont en cours aux États-Unis et au Canada, la lutte s’exprime aujourd’hui notamment à travers les campagnes de désinvestissement, c’est-à-dire les actions menées auprès des banques américaines, européennes (dont françaises) afin de les amener à se retirer des financements de tous les mégaprojets auxquels les communautés autochtones se voient confrontées, menaçant leur environnement, leurs modes de vie, leurs cultures. Lors de la tournée, plusieurs actions contre des banques ont été organisées, notamment en Suisse, en présence des artistes Water Protectors.
Cet entretien a été réalisé au cours de la dernière date française de la tournée, le 4 novembre, à Ivry-sur-Seine.

 

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Vous pouvez télécharger la brochure:
itwalas.pdf itwalas.pdf  (25.27 Mo)

Vendredi 2 Février 2018






EMISSION PALANTE

EMISSION PALANTE #8


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