Interview - Révolution Permanente (Octobre 2015)



Interview - Révolution Permanente (Octobre 2015)

Interview de Skalpel (Première Ligne) par Nathan Bollet et Maël Ache pour Revolutionpermanente.fr (Octobre 2015) : http://www.revolutionpermanente.fr/Skalpel-Interview-pour-son-dernier-album


Skalpel est un rappeur et militant anarchiste. A l’occasion de la sortie du nouvel album de son groupe Première Ligne, « PLII », le chanteur revient sur un certain nombre de thèmes qui lui tiennent à cœur et au mic’, à commencer par la politique, objet principal de son art, qu’il place au service des luttes.
 

Tu sors avec ton groupe un nouvel album, « PLII ». Quelques mots pour commencer ? 


Alors en fait c’est le troisième projet physique du groupe.
Avant, on a sorti un maxi en format vinyle et un album éponyme, ce projet arrive presque deux ans et demi après le précédent. C’est un gros projet dans la mesure où l’on ne voulait pas se chier dessus ou tomber dans la facilité, que ce soit musicalement ou dans ce que l’on avait à dire et à raconter. Il est composé de 19 titres pleins ; selon les codes ou formats habituels il pourrait être considéré comme un double album. Il explore différentes ambiances tout en gardant une base solide et cohérente, que ce soit dans les prods, les thèmes ou les structures des morceaux.
Je pense que l’alchimie entre nous trois (Skalpel, E.One et Akye) fonctionne mieux et qu’il est indiscutablement calibré pour la scène, ce qui semble logique étant donné que l’on fait beaucoup de lives et qu’on a aussi construit l’univers de Première Ligne en se basant sur nos expériences scéniques avec tout ce que cela implique : les déplacements géographiques, les rencontres, les différentes atmosphères des salles ou lieux alternatifs.
De même, la vie militante qui accompagne notre activité artistique a beaucoup influencé la réalisation du disque, notamment au niveau de l’énergie qui s’en dégage.
 

Une musique au service des luttes ?


La première chose c’est de faire du rap engagé avec une certaine éthique et une ligne directrice cohérente. Par exemple c’est de faire vivre une mémoire des luttes à travers différents morceaux ou projets qui véhiculent un certains nombre de valeurs idéologiques et politiques, notamment issues des quartiers populaires et de l’immigration. Logiquement arrive la question des luttes contre les crimes racistes et sécuritaires, la question du soutien aux prisonniers dits « politiques » ou pas, et le soutien concret à différentes organisations, collectifs, groupes qui selon moi s’investissent dans des luttes de terrains.
 

Par ton histoire personnelle, par le militantisme de ton père au sein du mouvement Tupamaros, qui a sans doute été l’un des courant d’extrême gauche politico-militaire les plus connus en Amérique latine dans les années 1960 et 1970, tu es lié à l’Uruguay. Alors que l’ancien président, Pepe Mujica, vient de cette organisation, que penses-tu de la situation de l’autre côté de l’Atlantique ?


Je vis à des milliers de kilomètres de l’Uruguay, j’ai pas la prétention de donner une analyse très pertinente de la situation là-bas. Ce que je peux modestement en dire c’est que j’essaye de ne pas idéaliser la situation en me basant sur le simple fait que les ex-Tupamaros ont pu accéder à une partie du pouvoir, sans non plus tout diaboliser en affirmant que c’est juste une élection dans un pays capitaliste qui n’aboutira à rien et que c’est juste une social-démocratie de type européenne, ce qui serait aussi un mensonge.
La situation en Uruguay, d’après les témoignages « critiques » et familiaux que j’en ai, de gens plutôt modestes socialement, a évolué positivement, grâce notamment au charisme de l’ancien président « Pepe » et à un certain nombre de décisions courageuses qu’il a prises au niveau de sa politique sociale. Il faut dire que l’on partait de loin... ?D’autres potes, à sensibilité anarchiste, me disent – et j’en veux pour preuve les récents événements qui ont conduit le pouvoir à réprimer des étudiants en lutte et à les chasser d’un lieu qu’ils occupaient – que la coalition de gauche reproduit un certain nombre de travers au niveau du clientélisme et des arrangements politiques surtout depuis le retour de [Tabaré] Vasquez [au pouvoir, membre du Frente Amplio, comme Mujica].
J’ai l’impression qu’au niveau géopolitique l’Uruguay actuel jouit d’une aura positive mais qu’au niveau local il n’y a pas eu de grands bouleversements et que les limites du « socialisme » réformateur ont été atteintes.
 

Que penses-tu de la « crise » des migrants ?


Il n’ y a pas de « crise des migrants » comme si c’était quelque chose de ponctuel, ou alors c’est une crise constante qui dure depuis des décennies. De la même façon qu’il n’y a pas de crise du capitalisme ou du colonialisme, ils existent constamment, mais composés de différentes périodes.
Il y a des flux migratoires dont l’intensité varie selon les événements, on peut dire que l’accélération des conflits armés, engendrés par les politiques occidentales, ont fait grimper le nombre de gens fuyant leurs pays pour échapper à la mort et aux massacres, ou tout simplement à la faim.
Je crois que notre devoir de militant c’est d’exprimer notre solidarité totale avec les migrants qui arrivent et de la traduire en actes concrets en fonction bien sûr des possibilités matérielles que l’on a.
 

Tu parles beaucoup de la Palestine dans tes chansons, notamment dans « Palestine Abdallah ». C’est un symbole, pour toi ?

 
Je parle de la Palestine, pas plus ni moins que d’autres sujets, ou alors en fonction de l’actu’.
C’est un symbole car c’est une lutte de libération nationale qui dure et force l’admiration pour un peuple qui n’a pas renoncé à exister et à vivre libre sur une terre qu’on lui vole un peu plus chaque jour. Elle cristallise beaucoup de crispations idéologiques et politiques. Personnellement c’est une lutte qui me touche depuis l’enfance, avec laquelle j’ai grandi et à laquelle on m’a beaucoup sensibilisé depuis mon plus jeune âge, que ce soit en me faisant rencontrer des enfants de militants Palestiniens ou plus tard en allant dans les manifs de soutiens, ou tout simplement en discutant avec d’autres gars de ma cité qui se sentaient concernés par cette lutte.
Après pour revenir à ce morceau, je souhaitais aussi parler de Georges Ibrahim Abdallah  et lui rendre hommage, en liant sa lutte personnelle contre l’enfermement à la lutte anti-coloniale et anti-impérialiste qui est celle du peuple palestinien, notamment à travers ces organisations de résistances politiques et armées.

Propos recueillis par Nathan Bollet et Maël Ache.

 





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